La presse du monde entier se fait écho du chao qui touche les Etats-Unis d'Amérique... La Suisse n'échappe pas à la règle... Dans le regard des gens, c'est l'horreur, la consternation...
Article paru dans Le Matin Dimanche du 18.03.2007
Comment ne pas secouer dubitativement la tête en lisant les prétendus aveux faits le 10 mars dernier par Khaled Cheikh Mohamed ?
LA CEREMONIE DES AVEUX…
Un des meilleurs indicateurs du degré de démocratie d’un Etat est sa pratique de la justice. Quand cette dernière commence à déraper au plus haut niveau, quand elle veut bourrer le mou du bon peuple avec es histoires abracadabrantes pour cacher ses méfaits, c’est que cela va mal.
Comment ne pas secouer dubitativement la tête en lisant les prétendus aveux faits le 10 mars dernier par Khaled Cheikh Mohamed, cet islamiste militant emprisonné et torturé par la CIA depuis bientôt quatre ans en toute illégalité. Hyper mondialisé, ce criminel new-look s’accuse d’une bonne trentaine d’attentats qui vont de la destruction des tours du WTC, d’une boîte de nuit balinaise, d’un hôtel kenyan, etc.. De plus il aurait planifié la destruction du canal de Panama, de gratte-ciel, d’ambassade, d’avions de ligne et l’assassinat de Clinton, de Jean-Paul II, de Mucharraf…
On imagine déjà la mise en scène qui va présider au procès, si toutefois procès il y aura, le dangereux terroriste pouvant fort bien glisser sur une peau de banane avant…
Cela nous renvoie directement aux plus grandes heures de la terreur stalinienne. Au milieu des années 1930, Staline décida de renouveler la classe dirigeante soviétique en éliminant les anciens. Débutée à Moscou en août 1936 par le procès du Centre terroriste trotskyste-zinoviéviste qui vit la condamnation à mort (suivie d’exécution immédiate) de personnalités comme Grigori Zinoviev, président de l’International communiste ou Lev Kamenev qui fut le premier chef de l’Etat soviétique. Pendant les deux années qui suivirent, trois autres vagues de procès décapitèrent la direction politique et militaire soviétique.
Ces procès furent préparés par la Guépéou, l’ancêtre de l’actuel FSB si cher à M. Poutine, dans une logique purement policière et terroriste. Les pires tortures furent utilisées pour obtenir des aveux plus monstrueux les uns que les autres, les accusés se chargeant de tous les crimes. A la chute du régime, l’accès aux archives permit de démontrer les mécanismes de ces procès. Reste le fait, abondammant illustré dans la littérature, que les aveux les plus surprenants sont toujours le reflet de l’imagination malade des bourreaux. Pas des accusés.
Article de Gérard Delaloye, reproduit par Patrick Waeber.